La Discrimination contre les Produits Étrangers en Afrique : Quand le



La Discrimination contre les Produits Étrangers en Afrique :

Quand les Barrières Non Tarifaires sabotent l’intégration régionale et la concurrence loyale

Introduction : un protectionnisme déguisé au cœur du commerce intra-africain

La discrimination contre les produits étrangers, dissimulée derrière des réglementations techniques, sanitaires ou administratives, constitue l’un des effets les plus pernicieux des Barrières Non Tarifaires (BNT) en Afrique. Bien que souvent justifiées par des objectifs légitimes – santé publique, sécurité des consommateurs, protection de l’environnement –, ces mesures sont fréquemment conçues ou appliquées de manière à favoriser les producteurs nationaux, au détriment des partenaires commerciaux régionaux.

Cette pratique révèle une faille structurelle majeure des politiques commerciales intra-africaines. Elle compromet la concurrence, accroît les coûts de transaction, décourage l’investissement et fragmente durablement les marchés africains, en contradiction directe avec les objectifs de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf). Le Djimbilisme identifie cette discrimination comme l’un des mécanismes clés par lesquels le sous-développement et la dépendance économique sont reproduits.

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I. Manifestations clés de la discrimination par les Barrières Non Tarifaires

La discrimination contre les produits étrangers dépasse largement les droits de douane. Elle s’exerce à travers des instruments réglementaires et administratifs subtils, mais efficaces.

A. Réglementations et normes techniques discriminatoires

1. Normes spécifiques et volontairement hétérogènes

Certains États adoptent des normes techniques ou des exigences d’emballage différentes de celles de leurs voisins, sans justification fonctionnelle claire.

Exemple :

• Étiquetage obligatoire dans une langue nationale non partagée régionalement

• Formats d’emballage ou unités de mesure non harmonisés

➡️ Effet discriminatoire : les exportateurs régionaux doivent adapter leurs produits à chaque marché, supportant des coûts supplémentaires, tandis que les producteurs nationaux bénéficient d’un avantage compétitif artificiel.

Faiblesse politique : absence de volonté réelle d’harmonisation régionale.

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2. Certification et tests non reconnus

L’exigence de certifications nationales spécifiques ou de tests de laboratoire dont les résultats ne sont pas reconnus dans les pays voisins force les exportateurs africains à :

• répéter les tests,

• recourir à des laboratoires coûteux,

• subir des délais excessifs.

➡️ Effet : barrière d’entrée déguisée et protection indirecte du marché intérieur.

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B. Mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) comme instruments d’exclusion

1. Exigences excessives ou non fondées scientifiquement

Certaines mesures SPS dépassent ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif sanitaire affiché. Elles reposent parfois sur :

• des évaluations de risques obsolètes,

• des standards exogènes non contextualisés,

• une application sélective.

➡️ Résultat : exclusion des produits étrangers africains sans gain sanitaire proportionnel.

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2. Blocages d’importation arbitraires

Des pays interdisent l’importation de produits agricoles en provenance de pays voisins pour des raisons sanitaires non prouvées ou exagérées, tout en tolérant des produits similaires issus du marché intérieur.

➡️ Conséquence : verrouillage du marché national et rupture de confiance commerciale régionale.

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C. Procédures administratives et douanières discriminatoires

1. Obstruction douanière et bureaucratie excessive

Les procédures douanières opaques et complexes – inspections répétées, documents redondants, retards arbitraires – entraînent :

• augmentation des coûts de stockage et de transport,

• détérioration des marchandises,

• incertitude commerciale.

Les opérateurs locaux, mieux insérés dans le système administratif, subissent moins ces frictions, créant une discrimination de fait contre les importateurs.

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2. Licences et documentation restrictives

L’imposition de licences d’importation difficiles à obtenir ou de procédures de conformité lentes et imprévisibles décourage les entreprises étrangères, même africaines, d’accéder au marché.

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II. Subventions et politiques d’achats publics : la discrimination interne institutionnalisée

La discrimination par les BNT ne se limite pas aux frontières ; elle est également intégrée aux politiques économiques internes.

1. Subventions et aides d’État

Les subventions à la production, aux intrants ou à la consommation accordées aux producteurs nationaux :

• réduisent artificiellement leurs coûts,

• leur permettent de vendre à des prix inférieurs aux importations.

Exemple :

La subvention des engrais ou semences pour les agriculteurs nationaux rend les produits alimentaires importés plus chers, même lorsqu’ils sont plus efficaces ou de meilleure qualité.

➡️ Faiblesse structurelle : absence de disciplines régionales sur les aides d’État.

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2. Politiques d’achats publics protectionnistes

Les marchés publics sont souvent utilisés comme leviers de préférence nationale :

• marges de préférence de prix,

• quotas de contenu local excessifs,

• partenariats obligatoires avec des entreprises nationales.

➡️ Effet : exclusion des entreprises régionales compétentes, réduction de la concurrence et parfois hausse des coûts pour l’État.

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III. Failles systémiques des cadres actuels d’intégration

Malgré l’existence de la ZLECAf et des communautés économiques régionales :

• l’harmonisation reste lente et incomplète,

• les mécanismes de règlement des différends sont peu utilisés,

• la surveillance des politiques internes est faible,

• les États privilégient encore des stratégies nationales défensives.

Ces failles permettent aux BNT discriminatoires de prospérer, sapant la crédibilité de l’intégration africaine.

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IV. Le Djimbilisme : une réponse endogène à la discrimination commerciale

Le Djimbilisme propose de rompre avec le protectionnisme déguisé en construisant une architecture commerciale africaine fondée sur l’équité, la transparence et la capacité réelle des économies locales.

1. Feuille de route djimbiliste intégrée

Phase 1 – Audit africain de la discrimination

• Identification des BNT discriminatoires

• Analyse coûts-bénéfices pour les consommateurs et les PME

• Publication régionale des pratiques restrictives

Phase 2 – Harmonisation substantielle

• Normes techniques et SPS africaines communes

• Reconnaissance mutuelle automatique des certifications

• Suppression des exigences redondantes

Phase 3 – Discipline sur les politiques internes

• Cadre africain de contrôle des subventions

• Transparence des marchés publics

• Arbitrage régional effectif

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V. Plan de financement djimbiliste

Sources de financement endogènes

• Fonds africain pour le commerce équitable

• Contribution minimale sur les importations extra-africaines

• Banques africaines de développement

• Partenariats Sud–Sud ciblés

Allocation stratégique

• 30 % harmonisation normative et SPS

• 25 % digitalisation douanière et transparence

• 25 % infrastructures de test et de certification

• 20 % appui aux PME régionales

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VI. Projections d’investissement et impacts attendus (10–15 ans)

• Réduction majeure des pratiques discriminatoires

• Baisse des coûts de transaction intra-africains

• Intensification du commerce régional

• Renforcement de la confiance entre États africains

• Attraction accrue des investissements productifs

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Conclusion : de la discrimination déguisée à l’équité continentale

La discrimination contre les produits étrangers africains, alimentée par les BNT, constitue un frein majeur à l’intégration économique du continent. Tant que les États persisteront dans un protectionnisme national déguisé, la ZLECAf restera incomplète.

Le Djimbilisme offre une voie endogène, structurée et pragmatique pour dépasser cette contradiction, transformer les normes et politiques publiques en outils de coopération, et bâtir un marché africain réellement intégré et compétitif.

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